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 Örlöge dans la Völuspá

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Veigsidhe Karvgwenn

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Veigsidhe Karvgwenn
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MessageSujet: Örlöge dans la Völuspá   Örlöge dans la Völuspá Icon_minitimeLun 28 Nov - 10:56

Örlög (les destins) dans la Völuspá Poster un commentaire
Les Örlög



La Völuspá, qui sera ensuite complétée par le Hávamál, décrit les composantes fondamentales de l’humanité : qu’est ce qui définit un humain ? Ceci se trouve dans les strophes 17, 18 et 20 de la Völuspá.

Tout d’abord, soulignons que la strophe 17 parle immédiatement de Ask et Embla, un homme et une femme, et nomme deux des qualités qui leurs manquent, à eux deux, pour être des humains. J’insiste : ces qualités sont communes aux hommes et aux femmes sans distinction de sexe. Ceci sépare inexorablement la spiritualité germanique ancienne de celle de toutes les cultures où les dieux attribuent leur humanité à l’homme et à la femme soit dans un ordre bien déterminé, soit par des qualités différentes [Note 1].

Avant d’entrer dans le détail, considérons une autre caractéristique générale de ces qualités humaines. Les strophes 17 et 18 décrivent cinq incapacités des non humains, deux dans la 17, trois dans la 18. Les deux de la strophe 17 resteront des incapacités humaines (elles ne sont pas un ‘don des dieux). Inversement, les dieux vont faire don aux humains des trois capacités manquantes décrites au début de la strophe 18.
Les deux incapacités décrites dans la strophe 17 sont d’être lítt megandi c’est-à-dire ‘ayant peu de force pour faire’ (c’est-à-dire faible et non actif) et le fait d’être ‘örlöglauss’, sans destinée. Il semble donc que ce soit aux humains de se débrouiller pour acquérir force d’action et destinée.
Les trois dons des dieux, cités dans la strophe 18 sont : önd, le souffle, óðr, l’intelligence et lá, proprement la mer le long des côtes, une image assez évidente des eaux internes, sang, lymphe et l’eau de nos cellules, que j’appellerai ici « la vitalité », celle qui donne aussi belle couleur au visage des humains, comme le signale la strophe 18. Autrement dit, force, intelligence et vitalité sont des dons des dieux et ils semblent devoir suffire aux humains pour qu’ils trouvent le moyen de créer eux-mêmes leur capacité d’action et leur destinée. Notez que cette interprétation est exactement ce qu’est la croyance moderne en la possibilité de « forger soi-même son destin ».




Les trois Nornes conduisant l’armée à la bataille



Cependant, cette dernière affirmation, qui ressort des strophes 17 et 18, doit être immédiatement tempérée par une information donnée plus tard, à la strophe 20. On apprend alors que les trois Nornes décident de la destinée des humains en « grattant une planchette de bois » [Note 2]



Les Nornes "grattent une planchette de bois



Il y a un aspect obligatoire à une destinée décidée par des puissances supérieures qui contredit l’interprétation, disons volontairement hâtive, que j’ai donnée plus haut. Le problème de l’örlög est donc plus complexe que les strophes 17 et 18 ne le laissent entendre.
Avoir un destin est certes une composante fondamentale de la vie des humains mais elle s’oppose à notre besoin de liberté. Pour mieux comprendre ce que la strophe 17 nous dit, il nous faut repenser la relation entre le pouvoir d’agir et l’örlög. Le pouvoir d’agir nous ouvre les portes de la liberté alors que l’örlög tend à les clore. Si on dit que se rebeller contre son destin est en quelque sorte quitter son statut d’humain, il faut tout de suite rappeler que la première capacité humaine, celle d’agir, tempère l’inexorabilité du destin. Finalement, il semble que ce soit justement la destinée de l’humain d’être coincé entre un destin inexorable et une capacité à agir : à lui de faire au mieux ! Malgré tout, le pouvoir d’agir fournit à l’humain une possibilité de découvrir son propre destin au lieu de le subir aveuglément.

Une fois que nous aurons enfin reconnu et compris notre destinée, elle ne nous paraîtra plus absurde et nous pourrons l’accomplir de gaîté de cœur. Voici du moins comment je comprends le message envoyé par la völva à l’humanité.



Mais ceci n’est rien d’autre que mon opinion, donnée de façon succincte. Voici maintenant ce que l’on peut comprendre, dit plus en détail, de ces strophes de la Völuspá.
Les dieux nous ont fait cadeau de trois capacités.
La première, un don d’Óðinn, est le souffle. Bien sûr, n’oublions pas qu’il s’agit du processus un peu mécanique qui fait que la disposition de nos côtes permet à nos poumons de se gonfler d’air. Voilà pour le corps. Mais, au-delà de cela, le souffle nous permet de nous identifier aux forces aériennes et aussi de « trouver le souffle », c‘est à dire à la fois l’inspiration et le courage, pour continuer à exécuter une tâche ardue.
Le deuxième, don de Hœnir, est l’intelligence. Du point de vue corporel c’est notre cerveau et il ne faut pas oublier que cette faculté, dont nous les humains semblons si fiers, trouve sa source dans un de nos organes. Par ailleurs, c’est évidemment la faculté de penser juste, de savoir se situer dans l’univers, de se comporter avec rationalité. L’intelligence est aussi la compagne du courage pour nous donner des raisons de poursuivre une tâche complexe, qui peut même en devenir plaisante car elle titille notre intelligence.
Le troisième, don de Lóðurr, est "la mer en bord de plage". L’eau de notre corps est ce qui assure son fonctionnement et qui en constitue la plus grande partie. Là encore, l’aspect corporel de l’eau ne doit pas être négligé. Mais elle est aussi ce qui nous met en contact, comme la mer dont les vagues déferlent sur la plage, avec les forces combinées de l’eau et du sol, ce qui est une image assez complète des forces de la terre. Par ailleurs, ces eaux internes sont la source primordiale de vie et de la joie de vivre qui lui est associée. « Belle couleur », comme dit le dernier vers de la s. 18, décrit déjà une manifestation de la joie de vivre.
Maintenant, nous pouvons peut-être un peu mieux comprendre pourquoi les dieux n’ont pas jugé bon de nous munir d’une capacité spécifique à l’action ni d’un örlög. Combinons courage, intelligence et joie de vivre et nous obtiendrons de suite une façon particulièrement efficace de nous motiver à agir « comme il faut » c’est-à-dire sans ennui, sans imbécilité et sans découragement. En effet, le découragement est souvent la cause de nos échecs et la joie de vivre est ce qui nous aide à ne pas baisser les bras devant les problèmes les plus accablants – sinon « autant se suicider tout de suite » serait une solution évidente.
Le problème de l’örlög est plus compliqué à analyser. En effet, il me semble que les dieux n’ont pas directement touché à l’örlög car ils savent bien que c’est le domaine des Nornes et que, dans notre religion, ils sont eux-mêmes soumis à une destinée. Mais ils savent aussi que les Nornes ne s’occupent pas des ‘petits détails’ de la vie de chacun. Comme il est dit, Les Nornes sont « les Hamingjur du monde » [Note 3] et elles ne déterminent que les grandes lignes de nos petites destinées individuelles. Nous n’échapperons pas, par exemple, au réchauffement climatique qui semble faire partie intégrante de l’örlög de l’humanité. Il y a cependant mille façons globales de s’opposer à un réchauffement catastrophique et mille autres individuelles de vivre ce réchauffement, catastrophique ou non, de façon à en souffrir le moins possible. Ceci dépend effectivement du courage, de l’intelligence et de la joie de vivre des humains de notre époque, bien qu’ils soient soumis de façon inexorable à la destinée de l’humanité. Ceux qui ont contesté ce réchauffement climatique face aux preuves et les états qui refusent de prendre en compte ce fait agissent typiquement comme tous les individus qui ne veulent pas utiliser les dons des dieux pour voir clair dans leur destin et agir en conséquence.

Soient ils nient le destin, soit ils s’y soumettent aveuglément. Ces deux attitudes nient les forces supérieures qui nous dirigent ou les dons de nos dieux. Elles sont deux routes parallèles en direction d’un désastre personnel et social.




Note 1.
Il est intéressant de comparer, de ce point de vue, le mythe scandinave à un des mythes sumériens de la création de l’humanité. Le grand dieu sumérien Enki se dispute avec sa compagne Ninhursaja car elle a fait pousser huit plantes dont il n’a pas déterminé le destin. Il s’empresse de leur donner un destin et Ninhursaja est furieuse de la destinée infligée aux plantes – entre autre elles vont servir de nourriture, ce qu’elle ne désirait pas. Elle maudit alors Enki qui tombe malade et souffre dans huit parties de son corps. Ils se réconcilient par l’intermédiaire d’un renard diplomate et Ninhursaja commence à soigner Enki. Associée à chacune des huit douleurs qu’elle extrait du corps d’Enki, elle accouche d’un enfant, dieu ou déesse. Les deux premiers enfants et le dernier sont mâles et les cinq autres sont sans doute féminins.( Il se trouve que lorsque les côtes d’Enki sont soignées, Ninhursaja accouche d’un septième enfant, une déesse, Ninti la future « déesse du mois».) Dans ce mythe sumérien, datant d’au moins 5000 ans, des êtres des deux sexes sont créés en séquence mais on voit bien, sans pouvoir savoir si cela est signifiant ou non, que les hommes ont débuté et clos la procédure.
Vous aurez plus de détails sur le site de mes sources: [url=http://www.nordic-life.org/MNG/MytholSumer.pdf[/url]

Note 2.
Voir plus de détails à la strophe 20, mais l’argument essentiel est le suivant. Cette affirmation devient absolument évidente si on se rend compte que, dans la strophe 20, le vers 7 « skáru á skíði (elles grattaient sur une planchette) » n’a pas de complément d’objet direct et que le vers 12 « örlög seggja (la destinée des humains) » n’a pas de verbe. Ceci indique, comme d’habitude en poésie scaldique, qu’il est judicieux de les réunir si on obtient une phrase censée qui est : « Elles grattaient sur une planchette la destinée des humains ».

Note 3.
Cette façon de parler est donnée par Cleasby-Vigfusson au mot hamingja. Elle résulte probablement d’une interprétation des deux occurrences de ce mot dans l’Edda poétique, dans VafÞrúðnismál s. 49 et Vegtamskvida (Le rêve de Baldr) strophe dite ‘d’ dans l’édition de Bugge. Une Hamingja est un esprit protecteur (le mot hamingja signifie aussi ‘chance’ ) qui s’attache à certains individus d’un clan afin de protéger le clan. Les strophes a –d ne sont pas souvent traduites. Voilà la première moitié de ‘d’.
Les rêves prémonitoires de Baldr affolent les Æsir et les augures confirment que Baldr doit mourir. Alors… la strophe ‘d’ commence ainsi:
Valföðr uggir,
van sé tekit,
hamingjur ætlar
horfnar mundu Père des Morts suspecte
manquant soit obtenu,
les haminjur il pense
disparues puissent ;
Odin suspecte que
il existe un ‘manque’
il pense que les hamingjur
puissent être disparues


Autrement dit, la situation lui paraît désespérée et cela se décrit comme la disparition des Hamingjur.
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